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#Cambodge : Plaidoyer pour une possible Réconciliation Nationale durable

 

 

La réconciliation nationale :

Pour quoi faire ? Et à quel prix ?

 

 

1 – Le procès de KEM Sokha

Aux yeux des observateurs de tous bords, ce procès est purement politique. Il s’éternise depuis trop longtemps avec sans doute une volonté délibérée de traîner Kem Sokha « dans la boue ».

Ceci n’est pas favorable au vœu formulé récemment par ce dernier qui souhaite ardemment « une réconciliation nationale ».

Laisser s’éterniser un procès avec des preuves fabriquées en réutilisant des séquences vidéo hors contexte pour justifier les accusations du Tribunal, ne fait que noircir encore plus un système judiciaire réputé pour être utilisé comme arsenal de répression contre toutes formes d’opposition.

Les accusations portées contre KEM Sokha avaient pour seul but de dissoudre le plus Grand Parti d’Opposition du Cambodge, le CNRP. Aux yeux de HUN Sen, le CNRP constitue une menace pour son Parti, le PPC, et son maintien au pouvoir au Cambodge. Cela a été illustré par des amendements de la Loi sur les Partis Politiques avant la dissolution complète du Parti CNRP.

Le Cambodge doit sortir de ce carcan politico-judicaire par le haut. La résolution de cette impasse doit être politique. La reconnaissance par le Tribunal de la non-culpabilité de KEM Sokha dans cette affaire, devrait s’accompagner d’une sortie honorable pour HUN Sen.

Il est nécessaire qu’il y ait un dialogue franc entre KEM Sokha et HUN Sen.

2 – Les défis

La réconciliation nationale n’a de sens que si elle débouche sur la volonté de mise en œuvre d’une politique pour résoudre les problèmes que rencontre le Cambodge.

Au delà des questions de personnes, et de partis politiques, les défis auxquels le Cambodge doit et devra faire face sont nombreux. La réconciliation nationale est nécessaire et doit jouer pleinement son rôle dans ce contexte. Le Cambodge aura besoin de l’intelligence collective, de tout bord sans distinction aucune, pour affronter collectivement ces défis dans un esprit de concorde nationale.

Le Cambodge doit ouvrir grand la porte pour que les talents de sa Jeunesse puissent s’exprimer pleinement. Que ce soit dans le domaine de l’entrepreneuriat, de l’innovation et de la recherche, l’imagination et les talents doivent pouvoir s’exprimer sans contraintes. Cela ne peut se faire que lorsque la confiance dans la réconciliation nationale est assurée par toutes les parties prenantes. La liberté de s’exprimer, d’innover et d’entreprendre doit être également assurée.

Le clivage basé sur l’appartenance à tel ou tel parti politique doit être banni. De nos vœux, le parti PPC, et également les autorités qui exercent les prérogatives de l’Etat doivent montrer l’exemple.

C’était l’esprit des Accords de Paix de Paris signés le 23 Octobre 1991, il y a plus de 30 ans.

A nos yeux, outre d’autres domaines prioritaires, certains nous semblent primordiaux :

1 – Rendre le Système de Santé publique efficace et accessible à tous.

2 – Assurer une éducation de qualité et un accès à la connaissance,

3 – Préserver et protéger les ressources naturelles :

a – Forêts, Tonlé Sap, affluents du Mékong et rivières

b – Protéger l’environnement et la biodiversité pour une agriculture de subsistance saine,

c – Protéger les côtes maritimes et les milieux marins.

4 – Résoudre les problèmes de délimitation des frontières, terrestres et maritimes, avec les 3 pays voisins.

 

3 – Passation de pouvoir de HUN Sen vers HUN Manet

HUN Sen a exprimé son souhait de voir son fils aîné, HUN Manet lui succéder en tant que Premier Ministre du Cambodge. Le Parti PPC, réuni en Décembre 2021, a validé unanimement son souhait. Il est légitime qu’un Père souhaite léguer un héritage politique à son Fils. Mais ce procédé ne relève que d’une approche personnelle du Père. Le Fils, pour autant qu’il en soit d’accord, pourrait espérer hériter d’une situation Politique « saine ».

Cela nécessite de la part du Père, un travail de préparation pour que l’héritage légué à son Fils ne soit pas un lourd fardeau pour ce dernier.

La réconciliation nationale, dans ce contexte, pourrait être un élément positif à prendre en compte par HUN Sen. Il est le seul à pouvoir initialiser le processus en sa faveur.

4 – Situation politique « saine »

Les barrières pour arriver à un climat politique « sain » sont nombreuses.

Cette année, les cambodgiens sont appelés à voter pour les chefs de Commune. L’année prochaine les élections législatives auront lieu.

Il est important que le pluralisme démocratique soit réhabilité, afin de laisser l’espace public s’exprimer pleinement conformément à l’esprit des Accords de Paix de Paris et à la Constitution. Le Cambodge doit s’assurer que la Commission Nationale des Élections soit neutre et indépendante. La confiance accordée au système de contrôle des élections est un préalable pour que les élections se déroulent en toute quiétude.

A plus ou moins long terme, une volonté de réforme du Système Judiciaire au service de la Nation est un autre préalable. L’Opposition doit également jouer son rôle dans ce cadre en apportant des propositions constructives.

5 – Relance de l’économie

Une forme de concertation entre le Gouvernement et les partis d’Opposition devrait être mise en place afin de fixer les priorités pour relancer l’économie post Covid-19.

L’esprit de la réconciliation nationale serait de donner une chance à une culture de dialogue de s’installer dans la confiance et dans la durée. Les partis d’opposition devraient pouvoir utiliser ce cadre pour résoudre collectivement les problèmes que rencontre le Cambodge.

Cela concerne les 4 piliers de l’économie cambodgienne à savoir :

1 – L’Agriculture

2 – La Construction

3 – Le Tourisme et

4 – Les industries de confection.

6 – Enjeux géo-politiques

Le Cambodge, de par sa position géographique, est et sera confronté d’une manière ou d’une autre à des conflits dans la Région entre puissances régionales et internationales. Encore sur ce point, les Partis d’Opposition devraient pouvoir exprimer leurs visions ou leurs craintes. La signature des accords internationaux engage le Cambodge et l’avenir des cambodgiens. Il est donc primordial, avant tout engagement dans un processus de ratification d’un accord international, qu’il y ait un débat ouvert et que les partis d’Opposition soient consultés.

Conclusions

Les défis auxquels le Cambodge doit faire face sont nombreux. Assurer le bien-être des cambodgiens d’aujourd’hui et préparer leur avenir sont les objectifs nobles de la Politique. Encore faut-il qu’il y ait des moyens pour que les cambodgiens de tous bords puissent participer à l’élaboration des solutions pour les résoudre.

La situation politique actuelle basée sur la mise à l’écart d’une partie de la population dans ce processus d’élaboration des solutions pour affronter les défis actuels et futurs, n’est à nos yeux pas souhaitable et contraire à l’esprit des accords de Paix de Paris.

Résoudre les problèmes d’une Nation est un processus long et inclusif : tous les cambodgiens sont ainsi concernés.

Il est nécessaire qu’il y ait un élan volontariste insufflé aussi bien par le Parti PPC que les Partis d’Opposition pour bâtir les fondations d’une culture de réconciliation nationale. Tout le monde devrait pouvoir jouer son rôle et apporter sa contribution pour que ces fondations soient aussi solides que possible dans la durée.

De nos vœux, pour le court terme, nous appelons les autorités cambodgiennes à trouver un consensus pour que toutes accusations contre KEM Sokha et les politiciens d’opposition soient levées.

Sous sa bienveillance, le Roi ne pourrait que se réjouir de voir le Cambodge, enfin, se lancer sur une route vers la Paix aussi bien politique que sociale, tant recherchée, en intégrant toutes les forces vives de la Nation.

 

Cambodge Info